Voici que nous traversons une période très particulière en raison du virus COVID-19 qui frappe le monde entier. De nombreuses personnes sont au chômage, les hôpitaux sont surchargés et certaines entreprises peinent à s’en sortir. Face à l’urgence, plusieurs solutions utilisant l’IA sont en cours de développement. Eclairages sur le sujet dans la suite de l’article.
En janvier dernier, on apprenait qu’une IA de BlueDot, startup canadienne, avait en fait déjà anticipé l’épidémie du Covid-19. Fin décembre, l’algorithme aurait détecté l’apparition du coronavirus dans la province de Wuhan et prédit correctement l’évolution du virus vers d’autres villes en Asie. Comment ce système a-t-il pu devancer l’Organisation Mondiale de la Santé ? L’algorithme de BlueDot utilise des techniques de traitement du langage naturel et de machine learning et scrute en permanence les bulletins d’informations dans de nombreuses langues, les déclarations officielles, les rapports des nouvelles maladies végétales et animales mais aussi les publications sur les forums et les blogs qui relatent des événements inhabituels. En collectant ces données, l’algorithme peut alors détecter les signaux d’une épidémie et leur localisation. Par la suite, il est même capable de déterminer où et quand les individus infectés par la maladie se déplacent grâce aux données des billetteries des compagnies aériennes mondiales. Des épidémiologistes vont ensuite vérifier la pertinence des analyses de l’intelligence artificielle et vont valider ou non les conclusions obtenues. Malheureusement, les alertes de BlueDot n’ont pas été prises en compte par les autorités sanitaires qui avaient reçu les conclusions de la startup…
Du côté des Etats-Unis, l’école de médecine de l’université d’Harvard publie une carte du monde qui permet de suive les virus en temps réel : HealthMap. Sans surprise, le coronavirus y figure en première place ces dernières semaines. De même que pour la technologie de BlueDot, des bots de NLP parcourent le web à la recherche de signaux relatifs aux virus : réseaux sociaux, communiqués officiels, sites d’informations…
HealthMap, la carte du monde qui permet de suivre en temps réel les virus.
Début mars, Alibaba, seconde plus grosse entreprise de high-tech en Chine, a développé un algorithme d’intelligence artificielle permettant de diagnostiquer le Covid-19 avec un taux de succès de 96%. Ce modèle d’IA a été entraîné grâce à des milliers de scanners de poumons de patients atteints du Covid-19. 15 secondes, c’est le temps qu’il lui faut pour diagnostiquer le coronavirus chez un patient tandis qu’il faut 5 à 15 minutes pour un radiologue. Un gain de temps conséquent à un moment où les hôpitaux sont surchargés. Ce système a été déployé dans une centaine d’établissements en Chine afin d’aider les médecins dans la prise de leurs décisions.
Ce mercredi 25 mars en Russie, des chercheurs de l’entreprise Gero auraient identifiés plusieurs médicaments qui empêcheraient la multiplication du Covid-19 dans les cellules humaines. Grâce au développement de la puissance informatique et à l’émergence du deep learning, des milliers de médicaments et leurs effets sur le virus ont été analysés très rapidement. Six médicaments auraient alors été qualifiés d’efficaces pour supprimer les protéines responsables de la reproduction du virus. Des tests en laboratoire sont encore en cours. Par ailleurs, ce lundi 30 mars, la Russie a rendu disponible un nouveau test de dépistage qui permet de détecter le virus en 90 minutes. 100 000 personnes seront alors testées en sept jours.
Ailleurs dans le monde, l’intelligence artificielle est également utilisée pour venir en aide aux citoyens. En Espagne, Raquel Yotti, directrice de l’Institut de santé de Madrid, a annoncé lors d’une conférence l’investissement dans quatre robots pour automatiser les dépistage du COVID-19 et ainsi passer à 80 000 tests par jour, soit quatre fois plus qu’auparavant. Du côté des Etats-Unis, l’éditeur IPSoft a créé un agent conversationnel nommé Amelia pour converser avec les citoyens américains et évaluer leur risque d’infection en fonction des symptômes et des facteurs de risques potentiels. Après la conversation, Amelia conseillera d’appeler un professionnel de santé s’il y a un risque d’infection ou bien notifiera que le risque est faible.
DeepMind, la division intelligence artificielle de Google, a elle aussi tenté de contrecarrer l’épidémie du Covid-19. Pour se faire, elle s’est servie de son outil AlphaFold pour générer des modélisations 3D de protéines du virus de la maladie. Elles ont été diffusées gratuitement à la communauté scientifique. L’algorithme a été entraîné grâce aux protéines de la base de données Protein data bank durant cinq jours. L’entreprise indique que cela fut possible grâce au “free modelling”, qui permet à AlphaFold de prévoir des structures de protéines plausibles sans avoir besoin de se baser sur des structures connues. Un réel atout compte tenu de l’urgence de la situation étant donné que l’actuel coronavirus présente quelques nouveautés.
Modélisation 3D de protéines de Sars-Cov-2 générée par AlphaFold, outil d’IA de DeepMind.
En Chine, libertés individuelles et intelligence artificielle ne font pas toujours bon ménage. Avec l’arrivée du Covid-19, le pays a largement déployé ses algorithmes d’IA pour détecter les personnes possiblement atteintes du virus. Des caméras thermiques ont par exemple été mises au point dans les espaces publics afin de détecter si une personne a de la fièvre, principal symptôme du virus. 200 personnes par minute pourraient être identifiées de cette manière. Les systèmes de reconnaissance faciale vont alors reconnaître qui sont les personnes fiévreuses, qu’elles portent un masque sur le visage ou non ; ces systèmes, de plus en plus performants, sont aujourd’hui capables de reconnaître une personne même avec un masque sur le visage grâce au calcul de l’espace entre les sourcils ou la taille du front par exemple. Les autorités peuvent ensuite demander aux habitants en question d’effectuer un test de dépistage ou de rester en confinement.
Les codes couleurs de l’application Alipay qui servent de contrôle du risque d’infection du coronavirus aux autorités chinoises.
Alibaba est allé encore plus loin en se servant de son application de paiement Alipay – déjà largement utilisée par les chinois pour payer électroniquement – pour tester les facteurs de risque de ses utilisateurs. Comment cela fonctionne ? Un questionnaire déclaratif renseigne votre état de santé, celui de vos proches et vous pose des questions très précises sur vos déplacements récents. Selon les réponses, l’application affiche un code couleur vert, jaune ou rouge. S’il est vert, vous êtes en droit d’effectuer vos déplacements, s’il est jaune, il vous sera demandé de rester 7 jours chez vous et s’il est rouge, vous devez rester en quarantaine pendant 14 jours. Afin d’accéder à certaines villes ou certains bâtiments publics, ce code couleur servait de point de contrôle. Dans le même temps, des drones identifiaient les personnes qui se déplaçaient sans porter de masque. Le même type de technologie surveillait les publications sur les réseaux sociaux afin de suivre les personnes se plaignant de leur état et croiser ces informations avec celles relevant des transports publics. Le débat sécurité VS liberté ne fait que commencer chez nous, il est inexistant en Chine…
– Article rédigé par Cynthia Billaud.
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